Interview - Stéphanie Leclerc-Mercier : « Les traileurs et traileuses ne se protègent pas suffisamment du soleil »

10.09.2025
Interview - Stéphanie Leclerc-Mercier : « Les traileurs et traileuses ne se protègent pas suffisamment du soleil »

Se protéger du soleil en trail : l’étude qui veut changer nos habitudes

Cette année, Chamonix a accueilli, pendant la semaine de l’UTMB®, une étude scientifique d’ampleur consacrée à la photoprotection en trail. Mené par une équipe internationale de chercheurs français et américains de l'Université du Michigan et des dermatologues français, ce projet interroge directement nos habitudes face aux UV. L’équipe a choisi d’aller plus loin que la simple collecte de données en lançant SunBeast, un programme éducatif destiné aux athlètes. L’objectif : diffuser des conseils pratiques fondés sur la science et proposer des outils concrets pour renforcer la protection solaire sans compromettre la performance. Soutenu par Raidlight, il place la santé des traileurs et traileuses au cœur de la pratique.

Rencontre avec la dermatologue et traileuse Stéphanie Leclerc-Mercier, à l’origine de l’initiative.

 

« les traileurs et traileuses ne se protègent pas suffisamment du soleil »

Une traileuse-dermatologue en première ligne

Depuis plusieurs années, Stéphanie observe que « les traileurs et traileuses ne se protègent pas suffisamment du soleil. » C’est ce constat qui l’a poussée à lancer un projet de recherche en collaboration avec plusieurs chercheurs français et américains. « On est ravi d’être là à Chamonix, ça fait des mois qu’on travaille sur la mise en place de cette étude qui a pour objectif de savoir est-ce que les traileurs se protègent suffisamment et qu’est-ce qu’on pourrait faire pour que se protéger du soleil en trail devienne aussi simple que prendre une flasque, un gel ou une barre. »

Le dilemme UV vs. thermorégulation

La question du textile est centrale, mais trouver le bon équilibre est un vrai casse-tête. Certains tissus protègent mieux des UV… mais avec le risque de surchauffe. « En théorie, plus le tissu est épais et serré, mieux on va être protégé », confirme Dr Leclerc-Mercier.

Mais ce choix a des limites évidentes pour un traileur en plein effort. Un textile trop lourd ou mal conçu devient vite inconfortable : « si c’est un tissu épais et non technique, on va avoir très chaud et on ne va pas pouvoir le porter », explique-t-elle. Autre détail à prendre en compte : « les tissus clairs protègent moins bien que les tissus foncés. »

C’est donc aux marques de proposer des solutions adaptées. Pour la spécialiste, l’enjeu est clair : « C’est pour ça que c’est important que les marques de sports fassent des produits de photoprotection avec des tissus UV, légers et techniques. »

 

« même sur une peau noire il faut mettre de la crème solaire »

Les UV, un danger invisible pour la peau… et les yeux

Si la peau est la première cible, les yeux ne sont pas épargnés « Les UV impactent la peau mais aussi énormément les yeux », souligne Stéphanie Leclerc-Mercier. Le choix des lunettes devient alors bien plus qu’un accessoire de mode : « en montagne, ça doit être au moins du 3 et pour certains c’est même du 4 (indice de protection solaire classé de 0 à 4, ndlr). Les ophtalmos sont unanimes là-dessus. »

Autre idée reçue battue en brèche : le bronzage ne constitue pas une protection suffisante. La dermatologue rappelle que « quand on a une peau noire, de phototype 6 (le plus élevé de la classification, ndlr), on a une protection naturelle contre les UV qui n’est que de 16 à 18. Ça veut dire qu'on est loin de 50 que nous recommandons. » Et pour les peaux claires, même bronzées, le niveau de protection reste très insuffisant : « au mieux c'est 6 de protection solaire donc il faut quand même mettre de la crème solaire. » On est donc bien loin de la recommandation d’un FPS 50, qui bloque environ 98 % des rayons UV. Une protection solaire adaptée reste indispensable pour toutes les peaux.

 

« Dès 3, il y a un risque de cancer cutané… même à Paris en hiver »

Été ou hiver : même combat

Beaucoup de coureurs associent encore le risque d’exposition au soleil à la chaleur. Pourtant, la réalité est toute autre. Stéphanie rappelle un point essentiel : l’indice UV est le seul indicateur fiable, et non la température ressentie. « Dès 3 (échelle de mesure de l'indice UV variant de 1 à 11+, ndlr), il y a un risque de cancer cutané », précise-t-elle. Et ce, quelle que soit la saison : « selon l’endroit où on se trouve dans le monde, l’index UV peut être largement supérieur à 3, même à Paris en hiver. »

En altitude, le risque reste présent : « en montagne on peut avoir l’impression qu’avec le froid le soleil ne doit pas être si fort et pourtant souvent il l’est. » Le seul moyen de savoir s’il faut se protéger reste de « regarder l’index UV qui est présent sur beaucoup d’applis météo. »

Le kit de base du traileur responsable

Alors, comment courir en se protégeant vraiment ? Pour la dermatologue, trois éléments sont absolument incontournables pour courir sous le soleil. « Le premier, c’est de protéger sa tête : chapeau, casquette, et bien sûr des lunettes de soleil adaptées. »

Vient ensuite la protection du corps : « il faut se couvrir le plus possible avec des vêtements légers et techniques », insiste la spécialiste. Enfin, dernier allié indispensable : « la crème solaire, large spectre, indice 50+, couvrant aussi les UVA, sur toutes les zones non couvertes. »

Entretien réalisé à Chamonix le 25/08/2025 par Clara Seraglini.

 

Merci à Stéphanie Leclerc-Mercier d’avoir pris le temps de répondre à nos questions lors de cette semaine de l’UTMB®. Chez Raidlight, nous restons engagés à proposer des équipements techniques qui protègent tous les traileurs. Notre collection de vêtements certifiés UPF offre une protection fiable contre les UV, tout en garantissant légèreté et confort sur les sentiers.

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