Dans le monde impitoyable du trail et de l'ultra trail, une victoire n'est jamais garantie. Mais lorsque la boue s'ajoute à l'équation, cela devient un défi d'une tout autre dimension. Cependant, pour Claire Bannwarth et Mickaël Berthon, le Legends Trail (275km et 10 000 de D+ dans les Ardennes Belges) n'a été qu'une nouvelle occasion de montrer leur résilience, leur force et leur détermination.
Mickael a terminé sur la plus haute place du podium en remportant la course en 45h55 et en devançant de 1h37 le second. Il a également établi un nouveau record de l'épreuve. Claire s’est emparée de la 1ère place féminine et s'est classée 3ème au scratch en 51h.
Retrouvez l'Interview exclusive de nos deux champions de l'édition 2024 du Legends Trail.
Quel était votre équipement ?
Claire : j'ai utilisé la veste Ultralight MP+, celle qui pèse 150 grammes et qui est juste géniale. J'avais les gants imperméables MP+ et j'avais également prévu les sur-moufles et le pantalon imperméables au cas où la météo se gâte. Comme sac, je portais un Responsiv 18L.
Mickaël : j'ai utilisé un sac Responsiv 12l que je connais par cœur, une veste Ultralight 2.0 MP+ qui ne me quitte plus, un T-shirt R-Light manches longues qui est un de mes coup de foudre de l'hiver et le collant R-Light qui est une valeur sûre pour son confort et l'emport important dans les poches. Sans oublier le tour de cou ACTIV pour la sueur et les larmes.
Aviez-vous une stratégie alimentaire ? Si oui, comment s’organisait-elle ?
Claire : je n'ai pas de stratégie alimentaire à proprement parler. J'essaie de manger le plus régulièrement possible. Sur des ultras, je mange ce qui me donne envie et ce qui me fait plaisir. Quand on part sur du long, voire du très long, la nourriture est un réconfort, donc je ne m'oblige pas à manger des choses en particulier. Pour l'hydratation, je consomme de l'eau bien évidemment et pas mal de coca pour la caféine.
Mickaël : simple car efficace, nutrition chaque heure avec un apport en sucres divers et sels minéraux puis j'ai profité des 4 bases de vie pour m'alimenter d'un plat chaud avec sucres lents et protéines. La stratégie alimentaire commence à l'entrainement en testant les encas que l'on va consommer en course et en habituant son corps à une prise régulière par petite dose.
Comment gérez-vous le manque de sommeil ?
Claire : sur une course où je sais que je mettrais moins de 72h, voire 80h qui est la limite, je sais que je n'ai pas besoin de dormir. Si je sens que j'ai un coup de mou, je fais une micro sieste. De base, je n'ai pas besoin de beaucoup dormir, 6h par nuit me suffisent. Pour le Legends j'ai fait une mini sieste. Pour les courses objectif, je fais très attention à mon sommeil les jours avant la course. Les courses intermédiaires, comme le Legends, que je considère comme des entraînements, je ne fais pas spécialement attention.
Mickaël : on s'y habitue, l'expérience des courses longues distances permet de se familiariser à sa gestion de l'effort et des hallucinations par manque de sommeil. J'essaye d'accumuler de belles nuits de sommeils d'au moins 8 heures la semaine avant l'échéance et je m'entraine à faire régulièrement des siestes d'environ 15-20 minutes en journée. Pour le Legends Trail j'avais un beau capital et je n'ai eu qu'à fermer les yeux 11 minutes lors de la 2eme nuit pour me remobiliser. Cela permet de "délester" le cerveau à défaut d'être un vrai repos.
Ce qui a été le plus difficile à gérer pendant la course.
Claire : j'ai cassé mon bâton au km 100, ce qui a un peu complexifié la suite de la course.
Mickaël : cette course est très spéciale de par ses conditions hivernales et son terrain très "humide". Un des point les plus sensibles est la gestion de l'état de ses pieds. Alors je ne dirais pas que cela a été difficile, mais je dirais que ça a demandé une attention particulière. Quand changer de chaussures? De Chaussettes? Quel type de chaussettes utiliser sur cette portion? Mettre de la crème anti-frottement... Sachant que nous prenons nos décisions seul, l'assistance étant interdite. Avec la fatigue, on peut parfois être incohérent.
Le pire moment de la course.
Claire : au kilomètre 30, on a dû traverser une rivière. J'ai eu de l'eau jusqu'à la poitrine. C'était un peu la surprise 😅 J'étais complétement trempée. J'ai dû attendre la base vie d'après qui était à 40km pour pouvoir me changer intégralement.
Mickaël : j'ai noyé mon téléphone dans les premières heures en passant dans une rivière, cela m'a coûté cher.
Le meilleur moment de la course.
Claire : le lever de soleil de la deuxième nuit, je savais qu'il me restait que 60 km et que je n'allais pas refaire une nouvelle nuit.
Mickaël : j'avais encore pas mal de ressource lors de la dernière section et c'était grisant de se rendre compte de l'énergie que je pouvais encore fournir. Je n'avais pas prévu de battre le record de l'épreuve, mais quand je m'en suis rendu compte, j'ai trouvé ça vraiment sympa et je dois remercier le 2ème pour cela, car il a fait un très beau chrono également et m'a poussé à en faire plus.
Quelles sont les différences entre une course balisée et une course non balisée ? Comment appréhendez-vous une course sans balisage ?
Claire : l'expérience s'acquiert sur les autres courses. Plus tu en fais, plus tu arrives à lire le terrain et les sentiers. Les courses sans balisage demandent beaucoup d'attention et de vigilance. Il faut toujours regarder sa montre. Au fur et à mesure, cela devient un réflexe. Avec l'habitude, j'accepte que je puisse me tromper de chemin, je ne panique plus et je ne m'énerve plus.
Une course balisée est beaucoup plus confortable.
Mickaël : une course balisée permet un certain "relâchement" qui n'existe pas sur une course non balisée, chaque intersection peut induire en erreur qui va s'ajouter au temps final (et il y en a sur 275km). C'est indéniablement un paramètre supplémentaire à prendre en compte et coûteux en énergie à ajouter à ceux nombreux et déjà existant dans l'ultra distance classique.
Je sors régulièrement avec mes outils de navigation lors de mes séances d'entrainement, je planifie des parcours inconnus et complexes pour m'améliorer les semaines précédents une course sans balisage. De cette manière, j'arrive confiant sur mes connaissances et l'emploi de mon matériel sur la ligne de départ.
Avez-vous prévu de prendre le départ du Legends Trail en 2025 ?
Claire : Oui ! L'organisation est top. Les Belges sont super sympas. C'est une super course. Rien que pour l'ambiance, j'y retourne.
Mickaël : le Legends Trail est unique et s'inscrit dans la liste très restreinte et assez confidentielle des courses les plus exigeantes d'Europe. C'est exactement ce que j'aime et je dois remercier les organisateurs pour l'esprit qu'ils insufflent à leur événement. C'est rare et difficile d'organiser quelque chose comme ça. Chaque année le parcours change, mais maintenant, que j'ai le record de temps, je vais attendre qu'un ou une excellente athlète aille me botter le cul l'année prochaine pour avoir encore une excellente raison de revenir en 2026.
Quels sont vos prochains objectifs ?
Claire : Le MIUT 120km, Le Tahoe Rim Trail, la HardRock100, l'UTMB et les championnats du monde de Backyard. Je vais surtout essayer d'enchaîner UTMB, SwissPeaks et TOR des Géants.
Mickaël : j'ai de belles courses de prévu cette saison, mais je me focalise sur 3 objectifs majeurs. Le premier était le Legends Trail, le deuxième sera une tentative de FKT dans l'été et mon principal objectif en "compétition" sera le TOR des Glaciers au mois de septembre.
1 commentaire
he corrido con con claire en varias carreras y es una corredora extraordinaria, no para en nigun momento y tiene un ritmo constante muy bueno, es como un motor diesel que no desfallece en ningun momento